Juliette Biotteau

Montlimart est une jolie affaire de famille. Deux sœurs, Juliette et Charlotte, ont créé une marque de mode masculine durable, produite à moins de 2000km et qui donne envie de consommer moins et mieux. Nous avons rencontré Juliette. Elle nous parle de ses engagements à la vie comme au bureau.

19/11/21

Temps de lecture : 8min

Juliette quel est votre parcours et comment la marque est-elle née ?

Après des études de commerce, j’ai travaillé en tant que chef de produits pour une grande enseigne de décoration, l’une de mes passions avec la mode. Avec ma sœur nous sommes des entrepreneuses dans l’âme, et nous avons décidé de nous lancer dans le prêt-à-porter masculin en 2017 avec la marque Montlimart (nom issu de son village natal du Maine-et-Loire et lieu d’implantation de la marque : Saint-Pierre-Montlimart). Nous nous sommes rendues compte qu’il existait déjà de très belles manufactures autour du vêtement masculin mais qu’il manquait une dimension “mode”, un aspect durable et une fabrication responsable. Aujourd’hui, 88% de nos articles sont fabriqués en France. Nous fabriquons dans des territoires aux savoir faire spécifiques : les chemises et chaussures dans la région de Cholet ; les pulls, tricots et accessoires en Auvergne ; les ceintures à Fougères ; et notre best-seller les boots Montpluie en matériaux recyclés et recyclables est fabriqué à cinq minutes de nos bureaux.

Envisagez-vous d'explorer la mode féminine ?

Par souci du détail, nous nous sommes concentrées seulement sur le prêt-à-porter masculin, qui demande déjà beaucoup de temps de modélisme et de mise au point. Lorsque nous nous sommes lancées, il existait déjà beaucoup plus de choix en matière de mode féminine soutenable. Nous avons cependant beaucoup de demandes du côté des femmes et c’est très tentant d’explorer ce sujet, d’autant que nous aimerions bien nous habiller avec notre marque. Mais notre vision est avant tout de pouvoir offrir un univers de mode aux hommes. Peut-être essaierons nous de faire un 38 pour les boots de pluie !

Où peut-on retrouver Montlimart ?

Nous sommes principalement en ligne, nous avons également trois corners dans les magasins Bocage (Paris, Bordeaux, Angers) et sommes également revendus dans des concepts store 100% made in France ou éco-responsables.

Lorsque vous avez lancé le projet, l’éco-responsabilité était-elle une évidence ?

Inconsciemment oui, car nous avions déjà cette volonté de faire des vêtements plus durables, qualitatifs et fabriqués en France. Mais nous n’avions pas conscience qu’il était possible d’aller plus loin. Au bout d’un an, nous avons souhaité faire un bilan, nous avons questionné nos dix meilleurs clients pour mieux les connaître et mieux cerner leurs attentes. Il s’est avéré qu’ils consommaient principalement local et bio, et qu’ils choisissaient notre marque pour sa production de proximité. Nous avons alors compris qu’on pouvait aller plus loin, et nous avons décidé que chaque produit serait soit 100% en coton bio soit 100% recyclé, ou un mélange des deux.

« Le principal problème avec le Made In France, c’est la pénurie de main-d’œuvre«

Juliette, expliquez-nous votre engagement auprès des abeilles ?

Au début nous soutenions une association qui s’appelait Notre village terre d’avenir, qui luttait contre la désertification des villages. Mais nous nous sommes rendues compte que ce n’était pas un sujet parlait à nos clients. Nous avons voulu trouver un engagement qui leur parle, puis nous avons découvert Les Ruches d’Antoine, qui possède un savoir-faire très artisanal (les ruches sont en pleine nature), et nous lui avons proposé de financer une ruche toutes les 500 commandes. Il faut savoir qu’il y a 50 000 abeilles dans une ruche donc à chaque commande ce sont 100 abeilles parrainées. Pour remercier nos clients, nous leur offrons un pot de miel quand la production le permet.

Avoir une logique de proximité dans la production de vêtement est-il un casse-tête ?

Le principal problème avec le Made In France, c’est la pénurie de main-d’œuvre. À cause de la délocalisation de la production, certains métiers ne se transmettent plus. La dernière promotion de tricot date de 2004 ! La situation est préoccupante.

Comment votre conscience écologique est-elle née ?

Grâce à ma maman, qui m’a fait réaliser les bénéfices d’avoir des vêtements de bonne qualité et grâce à une amie adepte du zéro-déchet. Avoir des enfants m’a aussi fait réfléchir sur ma manière de consommer et sur le monde que nous allons leur livrer. Enfin avec la marque Montlimart je me suis sentie responsabilisée, j’ai compris que je devais agir. J’ai beaucoup appris sur toutes les alternatives plus durables qui existent en matière de mode.

Quelles sont les actions éco-responsables que vous intégrez dans votre quotidien ?

Grâce à mon amie je fais beaucoup plus attention aux emballages donc j’ai par exemple nettement réduit ma consommation de plastique. Sur le plan alimentaire, je consomme local. J’achète peu et de seconde main, surtout pour les enfants.

L’action anti-écolo qui vous agace ?

Le greenwashing et le frenchwashing : beaucoup de consommateurs sont devenus très sceptiques et réticents.

L’idée reçue à laquelle vous aimeriez faire la peau ?

Le made in France c’est cher.

Ce que vous avez du mal à changer ?

Je trouve que nous ne sommes pas assez informés sur la problématique de la pollution numérique. Avec Montlimart nous avons réduit nos communications à une newsletter toutes les deux semaines mais personnellement j’ai encore énormément de difficultés à ne pas utiliser mon téléphone fréquemment. (Découvrez nos conseils pour agir sur la pollution numérique)

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