Notre réflexion sur la meilleure façon de consommer nous mène vers une forme de patriotisme économique. Cocorico ! Bonne idée, achetons français ! Alors, c'est parti. Nous regardons si l'étiquette comporte la mention Made in France. On se dit, c'est fiable, on prend. Mais est-on vraiment certains de ne pas être dans l’imposture ?
En réalité, il n’existe pas de cahier des charges qui encadre cette dénomination. Par ailleurs, un habit made in France peut avoir été qualifié ainsi pour une seule et dernière étape. Ainsi, une partie des stades (ou la totalité) nécessaires à la fabrication du vêtement ont peut-être eu lieu à l’autre bout du monde : la culture de la matière première, le filage, le tissage, la teinture et la couture.
On ne compte pas les fraudes de certains industriels mal intentionnés qui utilisent le Made in France, de façon abusive. D’autres, plus subtils (ou rusés), utilisent la charte graphique tricolore ou des symboles typiquement français comme la tour Eiffel, le coq ou le béret pour laisser supposer “ de fabrication française”, alors qu’il n’en est rien. Après le greenwashing, le “french washing” ! C’est gratuit (pour le moment) et ça permet à ces entreprises d’inciter le consommateur à acheter un produit qu’il supposera “ bien de chez nous”.
Mais enfin, le textile français, c’est la qualité garantie ! Eh bien, non, pas forcément. Comparé à un habit venant d’Asie ou d’Afrique, oui, probablement, mais par rapport à un vêtement provenant d’un pays membre de l’UE, il y a matière à réflexion (c’est le cas de le dire !). Un compromis peut se trouver du côté de l’écolabel européen. D’accord, mais produire en France, c’est bien plus écolo tout de même ! direz-vous. Plutôt non… Souvent les matériaux viennent de l’étranger. De plus, le CO2 formé en quantité n’est pas seulement lié au transport mais également aux processus de fabrication. Enfin le coton, bio ou autre, vient lui aussi de l’export.
Tout de même, pour se diriger vers nos vêtements français sans crainte d’être roulés dans la farine, penchons-nous sur une mention connue et reconnue : l’Origine France Garantie. Celle-ci a été créée pour servir les intérêts du client, mais aussi des ouvriers, en confection comme en vente. Le cahier des charges entend une fabrication intégralement française et exige une provenance de France à 50% minimum.
L’avantage de choisir l’Origine France Garantie, c’est d’engendrer moins de transport et respecter les travailleurs. Les conditions d’emploi sont améliorées et les consommateurs contribuent, en conséquence, à la baisse du chômage dans l’Hexagone. Cela étant, il reste difficile d’allier tous les paramètres pour une production 100% française.
De fait, il paraît judicieux de penser à un compromis pour nos prochains achats réunissant les critères « beau et écolo ». La démarche d’aller vers des vêtements fabriqués en France est plutôt bonne. Cela étant, on constate que la copie n’est pas parfaite. Même si les entreprises et particuliers tendent vers cette consommation “locale”, il manque parfois quelques paramètres pour que le tableau soit totalement éthique. Un début de réponse semble se situer du côté des pays membres de l’Union européenne.
Ce label, à visée environnementale, met l’accent sur le respect de la planète, de l’air comme de l’eau. Il passe au crible les fibres naturelles mais aussi les synthétiques et artificielles (lyocell, modal, viscose). Soulignons tout de même que son cahier des charges accepte que les fibres ne soient pas 100% issues de l’agriculture biologique — personne n’est parfait, l’écolabel non plus… Il y a un pourcentage à respecter cependant, en coton bio ou cultivé en lutte intégrée (ouf !).
Et nous voilà de plus en plus confiants lorsque nous apprenons que les vêtements pour enfants validés par ledit label doivent contenir 95% minimum de coton bio. Le coton OGM est limité, pas interdit (aïe…). Dans la mesure où cette dernière donnée commence à nous rendre sceptiques, rassurons-nous en retenant que les pesticides, les substances cancérigènes, toxiques et mutagènes sont exclus.
De plus, les sites de production sont soumis à quelques contraintes : restreindre les émissions polluantes dans l’air comme dans les océans, être vigilants quant à leur consommation d’énergie aux divers stades de la fabrication. Par ailleurs, ils sont dans l’obligation de traiter les eaux usées.
Enfin, la qualité des tissus est de mise. Concrètement si vous constatez, après lavage de la splendide salopette rouge taille L dont vous venez de faire l’acquisition, que seule votre fille de 4 ans pourra désormais porter le vêtement devenu rose pâle et tout rétréci… ce n’est pas de l’écolabel certifié. Car les couleurs sont supposées rester stables et l’habit de conserver son aspect.
Un dernier mot sur les conditions des salariés. Le label européen attend des employeurs un respect strict des normes fondamentales liées à l’Organisation Internationale du Travail. On aime prendre soin du vivant au sens large : la planète et les hommes.
En somme, le réflexe de vouloir acheter français, même dans le domaine de la mode, part d’une bonne intention. Nous, consommateurs pensons à des paramètres idéaux : peu de transports, des matières premières locales, une loi du travail observée. Notons par ailleurs de belles initiatives qui verront le jour dès 2022. C’est le cas de Splice, une marque de mode qui n’utilise que du lin. Marion Lemaire, sa fondatrice, fervente défenseuse du made in France, a œuvré avec le fondateur de 1083 – confection 100% française – pour réintroduire une filière lin en France de bout en bout.
Ajoutons que, pour tendre vers cette mode éthique, penser local c’est raisonner en européen. L’écolabel en est un exemple. De la même façon qu’Ops est fait de rencontres avec des professionnels inspirants dans leurs propositions à visée écologiques, peut-être est-il possible d’avancer ensemble dans une Europe qui construira un modèle de consommation responsable pour le bien de notre belle planète bleue.
photos : @Splice, @1083
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