Balzac Paris est l’une de ces marques à la fois résolument pointues et agréablement fraîches qui ont fait le pari de l’éco-responsabilité dès leur création. Pourtant novice en matière d’industrie textile, Chrysoline de Gastines co-dirige aujourd’hui l’une des maisons de mode les plus innovantes en matière d’écologie. Déterminée à faire bouger les lignes, l’entrepreneuse nous reçoit pour évoquer ensemble le présent et l’avenir de sa marque, entre transparence et décontraction. Rencontre chez elle à Paris.
Temps de lecture : 10min
En 2014, nous nous sommes lancés à plein temps dans l’aventure Balzac avec mes associés (Victorien, son mari et Charles, son beau-frère, NDLR). Nous sommes tous les trois autodidactes, le secteur de la mode nous était alors inconnu. Il a fallu trouver des éléments différenciants et affirmer des convictions fortes pour tirer notre épingle du jeu sur un marché ultra-concurrentiel.
Nous nous sommes fixés des guidelines précises : des produits fabriqués en France ou en Europe, des valeurs responsables très fortes et une autonomie totale. L’écologie a donc fait partie de l’ADN de la marque dès le départ et je pense que c’est en partie pour cela que nos collaborateurs nous ont rejoints. Balzac est une entreprise à mission, qui ambitionne de faire les choses autrement. Forts de ces convictions, nous sommes allés plus loin en nommant ce mouvement TPR, “Toujours Plus Responsable”.
Ce n’est pas un label à proprement parler mais c’est un concept qui exprime le fait que toutes nos décisions et actions sont issues de nos préoccupations environnementales. Produit, marketing, événementiel… Ce souffle responsable est appliqué à 360°.
Nous l’avons appelé ainsi car nous savons qu’il nous est toujours possible d’aller plus loin pour faire bouger les lignes d’une industrie particulièrement polluante. Nous ne serons jamais parfaits ; par définition, nous ne produisons rien d’essentiel. Mais nous pouvons produire du mieux que l’on peut tout en restant authentiques et humbles.
Nous ne serons jamais parfaits, mais nous pouvons être parfaitement transparents ; expliquer nos choix, nos erreurs et nos fausses routes, en toute transparence.
Par exemple, nous avons longtemps utilisé la viscose, qui est une matière aujourd’hui pointée du doigt. À l’époque, ma directrice de collection nous avait alertés sur les dangers de cette matière. Nous l’avons progressivement remplacée par des alternatives éco-responsables. Nous avons expliqué à nos clientes que nous souhaitions écouler les stocks avant d’introduire d’autres matières. Il était important pour nous de leur expliquer pour quelles raisons elles en trouveraient encore dans nos collections. Cette transparence est fondamentale à nos yeux.
« Nous ne serons jamais parfaits, mais nous pouvons être parfaitement transparents »
L’éco-responsabilité est tellement présente dans notre ADN que nous avons parfois l’impression que la cliente est parfaitement sensibilisée aux labels textiles éco-responsables tels que Oeko Tex 100 ou GOTS (Global Organic Textile Standard, NDLR). Or, elle ne les connaît pas forcément ! Et c’est tout à fait normal ; elle n’est pas nécessairement spécialiste et prête avant tout attention à l’esthétique du vêtement. Il faut donc prendre le temps d’expliquer ce qui se cache derrière ces labels et pour quelles raisons elle peut s’y fier. Il faut également faire comprendre à la cliente qu’elle a également une carte à jouer : 30% de la vie du vêtement va dépendre de l’utilisation qu’elle en fait. Laver correctement, réparer, rapiécer… Tous ces gestes permettent progressivement de s’extraire de la logique de fast fashion.
Notre directrice de collection est également directrice RSE. Elle est garante de la responsabilité écologique de Balzac Paris et nous permet de faire des pas de géant grâce à l’innovation textile. Notre responsable sourcing cherche et teste les nouvelles matières afin que nos pièces durent dans le temps. Cela passe par un sourcing parfait, des tests matières mais aussi par le fait de pouvoir remonter la chaîne de valeur. Ce dernier point est crucial car très souvent négligé, voire impossible ! Nous y sommes particulièrement attentifs, d’autant plus que l’étiquetage environnemental est sur le point d’être mis en place (sur le même principe que le Nutri-Score conçu par Santé Publique France, NDLR). Il faudra donc être capables de remonter cette chaîne pour indiquer le score. C’est un travail de fourmi effectué par nos équipes, mais c’est la condition sine qua non pour produire des pièces durables.
En industrie textile, il existe beaucoup d’innovations qui permettent d’opter pour des alternatives écologiques sans pour autant avoir à sacrifier la coupe, le tomber ou le toucher attendu par les clientes. C’est par exemple le cas du Naïa™ que nous avons utilisé dans le cadre de notre collection Mariage et qui se rapproche du toucher soyeux traditionnellement apprécié par les clientes pour ces pièces. Autrement dit, l’éco-responsabilité en textile est un équilibre délicat à trouver : il faut rassurer la cliente sur ses habitudes tout en s’affranchissant des matières traditionnellement privilégiées. Cela n’est possible que grâce à l’innovation.
Les alternatives écologiques sont plus faciles à appliquer au prêt-à-porter qu’aux accessoires. La cliente aura toujours cette envie d’un sac à la fois solide, esthétique et effet cuir mais qui n’aura pas besoin de traitement particulier pour bien vieillir. Concernant ce dernier point, les résultats ne sont pas toujours au rendez-vous. Nous avons notamment eu de nombreux retours suite à la commercialisation de sandales en peau d’ananas qui se sont abîmées très vite. Nous préférons donc être prudents et prenons le temps nécessaire pour tester les innovations technologiques avant de les mettre sur le marché. En résumé, il faut trouver le bon équilibre entre innovation et durabilité. La dynamique responsable doit être au service de la désirabilité du produit.
Nous sommes parfaitement conscients que de par les prix que nous pratiquons, Balzac Paris n’a pas la légitimité à éduquer le plus grand nombre ; notre cible reste tout de même assez restreinte. Ce sont malgré tout les marques de fast fashion qui ouvrent la marche, vulgarisent le discours et contribuent progressivement à la sensibilisation de la population. Il faut ré-habituer le consommateur à adopter d’autres pratiques, comme celle d’attendre plusieurs jours pour recevoir un produit confectionné de manière éco-responsable. Nous devons sortir de la dynamique “tout, tout de suite”, malheureusement encore trop encouragée par les géants du e-commerce.
La vitesse de livraison reste un critère majeur, cette impatience étant l’une des caractéristiques de notre génération. Malgré ces habitudes de consommation, nous ne souhaitons pas privilégier la rapidité au savoir-faire. En ce sens, nous avons d’ailleurs acté que nous ne proposerons jamais de livraison express en 24h ou 48h même si nous nous tenons à des délais plus que raisonnables. Je pense que les clientes comprendront toujours parfaitement notre démarche, à condition bien sûr que nous prenions le temps de leur expliquer.
Ce travail de pédagogie a notamment été effectué dans le cadre de notre collection Mariage. Nos robes sont fabriquées et vendues en pré-commande. Chaque modèle doit atteindre 50 commandes pour être fabriqué et les clientes reçoivent leur robe sous deux mois.
Nous avons bien conscience que ce modèle de production peut poser problème pour un usage tel que celui du mariage ; les clientes ne peuvent pas essayer leur robe à l’avance et ne peuvent potentiellement pas recevoir le modèle désiré si les pré-commandes ne sont pas assez nombreuses. Malgré cela, je reste persuadée qu’elles sont prêtes à accepter cela à condition d’avoir le bon discours et surtout de leur offrir un accompagnement à la hauteur de celui proposé en en boutique.
Ma mère nous a toujours appris à manger des produits de saison, à faire attention à notre santé et au monde qui nous entoure. J’ai réalisé très tôt que notre alimentation était la clef de notre santé.
Ma conscience écologique est apparue progressivement. Je suis moi-même passée par une période d’achats compulsifs dans l’adolescence comme beaucoup de jeunes filles ! C’est l’aventure Balzac Paris qui m’a réellement fait prendre conscience de l’impact écologique de l’industrie textile sur l’environnement. J’ai ensuite appliqué les connaissances acquises via Balzac Paris à ma propre manière de consommer.
Je suis personnellement une grande consommatrice de seconde main. Lilloise, j’ai eu l’habitude de faire les braderies très jeunes et chiner fait partie de ma vie depuis toujours ! Pour les vêtements de mes filles, j’ai l’habitude d’acheter chez By Bambou qui a une sélection de pièces seconde main assez pointue.
L’idée de proposer de la seconde main chez Balzac est partie d’un groupe d’échange et de revente entre clientes sur Facebook, Balzac Paris Addict. Notre objectif était de lancer le service pour le Black Friday en deux mois. C’était un projet ambitieux mais nous l’avons fait ! Les clientes renvoient leur pièce contre un bon d’achat. Cela fonctionne parfaitement et elles semblent en être ravies. C’est un véritable cercle vertueux : à la fois pour Balzac qui réaffirme ses valeurs éco-responsables et bien sûr pour les clientes.
J’achète également ma déco en seconde main. Il y a un vrai sentiment de satisfaction à trouver LA pièce que l’on convoite depuis un moment à prix cassé. J’aime particulièrement l’idée de donner plusieurs vies à mes meubles. Je les chine majoritairement sur Le Bon Coin et Selency.
Concernant l’alimentation, nous faisons nos courses en bas de chez nous. Qualité, produits de saison et réduction des emballages assurés !
J’essaie également de réduire mes déchets dans ma salle de bains. J’apprécie Ilin et ManaMani qui ont réussi à réinventer nos gestes beauté version zéro déchets. La transition est d’autant plus facile quand nos habitudes ne sont pas trop chamboulées.
Ceux qui pensent que leurs petites actions ne servent à rien et plus globalement, toutes les formes de défaitisme. Les petits gestes ne changeront pas le monde mais il s’agit avant tout de changer sa propre mentalité.
Que l’écologie est réservée aux bobos ou aux gens aisés. Aujourd’hui, ces réflexes écologiques sont présents dans la vie de tous, c’est loin d’être un mode de vie élitiste. Chacun peut participer à hauteur de ses propres moyens.
J’ai encore du mal à réduire mes déchets, notamment par manque de temps. Je pourrais faire des gâteaux pour mes filles mais après une journée de travail, il est parfois compliqué de se mettre aux fourneaux… J’accepte mon imperfection mais je tiens à tenir ma résolution de me dégager du temps pour faire ces efforts supplémentaires. Les résultats valent le coup !
Crédits photos : Balzac Paris, Julie Desvaux
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