Comment sortir du système de surproduction ? C’est à cette question clef que s’attaque Séverine Tréfouel à travers son projet Simon Simone, concept store en ligne. C’est avec soin que cette entrepreneuse humaine et pragmatique sélectionne des marques aux histoires singulières qui ont à cœur de promouvoir le savoir-faire français. Lancé en septembre 2020, Simon Simone compte aujourd’hui plus de 600 références maison et déco qui font du bien aux yeux… et à la planète.
Temps de lecture : 10min
J’ai longtemps travaillé en retail dans le secteur de la mode. Lors de mon expérience en tant que directrice de collection pour un géant du textile, j’étais chargée des achats et de la gestion des stocks. Cette expérience m’a fait prendre conscience de l’immensité des stocks résiduels générés par les marketplace. Il faut comprendre que ces achats sont faits de plus en plus tôt afin d’obtenir des prix compétitifs et en grande quantité pour pouvoir y appliquer des promotions. Malgré ces taux de remise agressifs, il me restait systématiquement 20% de stocks résiduels sur les bras. J’ai progressivement pris conscience de l’absurdité écologique que ce modèle économique représentait. Sans parler des écueils liés à la traçabilité des produits ou aux conditions de travail déplorables dans les usines.
Il est nécessaire de se remettre en question, c’est notre responsabilité. C’est parce que nous voulons des prix toujours plus bas que tout est produit n’importe comment. Aujourd’hui, il est temps de changer ce modèle de surproduction et de prix cassés.
Avec Simon Simone, je souhaite contribuer à ce changement de mentalités. Le concept store s’appuie sur le modèle du circuit court. Autrement dit, je ne source que des marques françaises et ne lance la production que sur demande afin de mieux contrôler les stocks. Selon moi, c’est comme cela que nous parviendrons à un mode de consommation et de production plus sain.
L’idée de monter Simon Simone m’est venue lors du premier confinement. Signe du destin, mon CDD s’achevait le 12 mars ! Sans activité professionnelle à ce moment-là, j’ai décidé de me consacrer à un projet qui alliait mon expertise du digital et mes préoccupations écologiques.
Il est aujourd’hui compliqué de donner un cahier des charges précis car de nombreux stores en ligne se targuent d’être éco responsables. L’éco-responsabilité est devenu un label que l’on utilise à tout-va et qui finit par en perdre son sens. Plus problématique encore, cela engendre de la méfiance chez les consommateurs qui sentent bien qu’il s’agit souvent d’un pur argument marketing.
Pour Simon Simone, être un concept store éco-responsable signifie passer beaucoup de temps à sélectionner les marques, à repenser les modèles économiques traditionnels. C’est un site qui fait part belle au beau, à la fois par les produits sélectionnés mais aussi par son interface. Je voulais que les utilisateurs prennent à nouveau plaisir à faire du shopping en ligne; ma conviction est qu’avant d’acheter un produit parce qu’il est éco-responsable, on l’achète surtout parce que l’on a eu un coup de cœur. Le site propose donc une sélection belle et cohérente, tant par l’unité de sa gamme de prix qu’en qualité.
Les marques avec lesquelles je travaille sont majoritairement françaises, mais il m’arrive d’étendre la sélection à l’Europe lorsque j’ai l’opportunité de valoriser un savoir-faire. C’est par exemple le cas du linge de lit qui est fabriqué au Portugal. En revanche, les marques sont systématiquement françaises afin d’assurer que la valeur économique est bien générée en France.
Enfin, j’ai à cœur de mettre en avant les histoires humaines et familiales derrière les marques. C’est par exemple le cas de L’Infuseur, qui est le résultat d’une très belle collaboration mère/fille. J’aime particulièrement cet aspect de mon travail qui me permet de rencontrer des personnes engagées aux parcours uniques. Ces tranches de vie sont aussi importantes pour le consommateur dans la mesure où elles justifient parfois le prix des objets et leur donnent du sens. C’est authentique.
L’enjeu marketing autour des produits éco-responsables est de taille. Il ne s’agit pas seulement d’apposer un label sur quelques pièces d’une collection et de laisser les clients choisir. C’est contre-productif ! Les produits Made in France sont bien souvent plus chers ; sans travail de pédagogie en amont, le consommateur type n’aura pas forcément le réflexe de privilégier un produit éco-responsable. Il faut prendre le temps de mettre en avant l’histoire et le savoir-faire d’une marque pour que cela fonctionne et donne envie.
Selon moi, c’est ce que les consommateurs attendent. Personne, pas même les dirigeants d’entreprise, n’ont envie d’acheter n’importe quoi ! On sent émerger une réelle volonté de faire différemment. Le problème est que cette volonté est trop souvent contrée par les intérêts des financiers et des actionnaires. Le Made in France et les stocks réduits rognent les marges, réduisent les dividendes. Il faut absolument faire changer ces préoccupations court-termistes, car ce sont ces mêmes financiers qui lèveront les freins et permettront enfin au changement de s’opérer.
Je fonctionne sur deux modèles : une partie de la marchandise est stockée chez les fournisseurs (c’est notamment le cas pour le gros mobilier), et une partie est stockée chez Simon Simone. J’essaie au maximum de privilégier le non-stockage des marchandises.
C’est un rapport avant tout concret depuis que j’habite dans le Nord. J’ai l’habitude d’acheter auprès des producteurs locaux. En famille, nous faisons systématiquement nos courses à O’Tera, qui ne propose que des produits 100% locaux et de saison. Je n’imagine plus acheter mes produits frais ailleurs. En règle générale, je suis avant tout attachée à ce qui donne du sens ; c’est pourquoi je privilégie avant tout les gestes qui encouragent l’environnement local et l’économie circulaire.
Que l’éco-responsable, c’est moche ! J’ai l’habitude de dire qu’on peut faire rimer plaisir et citoyen.
L’utilisation de la voiture à outrance alors même que marcher fait tant de bien à l’esprit !
« On peut faire rimer plaisir et citoyen »
J’essaie de m’inscrire à contre-courant des tendances de consommation.
Par exemple, au moment des soldes, j’ai bâti un discours qui explique les raisons pour lesquelles je ne souhaite pas y participer. Il est fondamental de comprendre pourquoi les soldes sont néfastes à bien des niveaux et quelles sont les conséquences de vendre à perte. J’ai tenu à expliquer que je ne peux pas baisser mes prix sous peine de menacer à la fois mes producteurs et mon entreprise. Je conçois que les prix peuvent paraître élevés mais ils sont justes, ils reflètent la qualité des produits et le savoir-faire des artisans.
Du coup, j’essaie d’intéresser le consommateur autrement, par exemple dans le cadre de mon opération Green Friday sur les canapés vendus sur le site : en partenariat avec des fournisseurs, nous avons mis en place une prime de 200€ pour tout achat d’un canapé et la reprise de l’ancien pour le remettre dans l’économie circulaire. Cette action permet au client d’effectuer une action solidaire en achetant français mais également de bénéficier d’une promotion via la prime ; c’est un cercle vertueux.
Je dois avouer que j’ai toujours été habituée à consommer de l’eau en bouteille. J’ai eu du mal à faire autrement. J’ai acheté des carafes filtrantes mais je trouve cela désespérément moche ! Je suis peut-être trop attachée au beau mais j’ai eu un blocage. Je sais pourtant que l’eau est potable mais j’étais encore trop sensible aux arguments marketing des eaux en bouteilles. Ce changement a été vraiment difficile à s’opérer.
Non pas vraiment. En revanche, des alternatives restent encore à trouver pour les meubles et les jouets.
Concernant les vêtements des enfants, il existe des solutions mais ce n’est pas simple ! Si l’on voulait aller au bout de sa démarche, il faudrait acheter des vêtements de qualité pour qu’ils durent longtemps et puissent être remis dans l’économie circulaire. Mais pour commencer la chaîne, il faut donc acheter assez cher. C’est une limite à prendre en compte. Des alternatives sont donc à trouver rapidement pour acheter responsable mais en respectant les possibilités de chacun.
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