Marie-Pierre Schaubroeck

C’est une lame de fond. Prendre l’avion pour un city break ou une semaine au soleil n’a plus la côte et c’est tant mieux. Les restrictions de déplacement liées à la pandémie et l’urgence climatique nous poussent à repenser notre temps libre et nos loisirs. Des plateformes alternatives aux géants de la réservation d'hébergements émergent et permettent d’organiser des vacances soutenables et de (re)découvrir le sublime territoire français. C’est le cas de We Go GreenR dont nous avons rencontré la co-fondatrice : Marie Pierre Schaubroeck.

11/04/22

Temps de lecture : 8min

Marie-Pierre quel est votre parcours et comment We Go GreenR est né ?

J’ai commencé l’aventure entrepreneuriale il y a deux ans, j’avais envie de donner plus de sens et d’impact à mon travail. L’idée de We Go GreenR est de faciliter l’accès aux voyageurs à des établissements engagés dans une démarche éco-responsable. À titre personnel j’avais déjà entamé une transition écologique et changé beaucoup de choses sur mon alimentation et ma manière de consommer mais côté voyage, les choses étaient compliquées à changer. J’avais le souhait de redécouvrir les territoires français tout en conservant un mode de vie éco-responsable dans les hôtels, les chambres d’hôtes ou les gîtes. Cela a été très compliqué pour moi d’identifier des établissements engagés. Avec mon associé, nous avons donc commencé par interroger des centaines d’hôtes et nous nous sommes aperçus que beaucoup n’étaient pas labellisés, mais mettait néanmoins en place de belles initiatives. Par ailleurs se faire labelliser peut être très coûteux et anxiogène pour les hôteliers. Donc We Go GreenR est né de ces constats.

Comment déterminez-vous l'engagement de ces établissements ?

Nous avons créé un GreenScore qui vérifie selon une centaine de critères ce qui est mis en place ou non par les hôtes. L’indice du GreenScrore va de 1 à 5 et vient mesurer le niveau d’engagement de l’établissement. Il est réparti en huit familles : l’habitation (matériaux de construction et de rénovation); la gestion de l’énergie; la gestion de l’eau; la réduction des déchets; les transports, la mobilité et l’alimentation proposées sur place; les équipements et entretien du quotidien et enfin les autres actions mises en place. L’évaluation s’effectue en deux temps, dans le premier l’hôte va déclarer ses actions et donner les justificatifs. Dans le second temps pour ce qui relève de l’expérience, nous envoyons un questionnaire post voyage aléatoirement aux voyageurs. Le GreenScore à aussi pour vocation de rendre visible auprès des voyageurs les actions mises en place concrètement par les hôtes. Le but étant d’assurer une transparence absolue.

Proposez-vous un accompagnement pour les hôteliers qui souhaitent effectuer une transition écologique, mais qui ne valide pas tous les critères ?

Pour être intégré à notre site il faut que l’établissement mette en place un minimum d’actions éco-responsables. Pour éviter de mettre sur le côté certains hôtes qui ont le souhait de mieux faire, nous avons mis en place un système d’accompagnement des établissements dans leur transition écologique. Nous avons recruté une consultante en tourisme durable qui a construit des cours en ligne pragmatiques et adaptés au milieu de l’hôtellerie.

Comment avez-vous fédéré votre communauté ?

Nous avons lancé la plateforme en 2020 au déconfinement. Nous avons reçu un bel engouement de la part des Français, car ils avaient plus que jamais envie de partir au vert, en pleine nature et étaient contraints géographiquement de rester en France. Nous avons eu beaucoup de visibilité à ce moment, ce qui nous a permis de bâtir une belle communauté d’hôtes et également une grande communauté de voyageurs. L’objectif est de se professionnaliser et de continuer à améliorer l’expérience utilisateur du côté des voyageurs et des hôtes.

Constatez-vous une envie de changer de manière de voyager de la part des Français ?

Avec les informations que nous avons récoltées depuis deux ans, nous avons pu constater une forte communauté de voyageurs déjà éco-sensibles, ils possèdent une conscience écologique avancée. Notre mission est de montrer le plaisir de partir en vacances en France, mais également de déconstruire les préjugés autour du tourisme durable pour toucher des voyageurs qui n’ont pas encore entamé une transition écologique

Des projets futurs ?

Nous envisageons d’étendre l’offre aux pays frontaliers, mais également de rendre le site internet accessible en plusieurs langues pour permettre aux voyageurs limitrophes de découvrir les territoires français de manière durable. Notre offre est accessible à tous et nous mettons un point d’honneur à proposer toutes les gammes de prix et de confort. Nous avons une réelle volonté d’avoir un maillage territorial important grâce à des partenariats mis en place. Le but est d’embarquer les territoires dans leur transition écologique en leur permettant de devenir une destination éco responsable.

Quelles sont les actions éco-responsables que vous intégrez dans votre quotidien ?

Nous avons commencé par une alimentation bio, locale et en vrac. Nous fabriquons nos produits ménagers et nos vêtements proviennent soit de seconde main soit de marques très engagées. Nous avons également arrêté de voyager hors de la France. Nous avons déjà voyagé par le passé et nous laissons maintenant la place aux jeunes générations. Au bureau, nous avons mis en place à l’initiative de collaboratrices des petits-déjeuners éco-positifs, ou chaque mois nous générons un thème qui induira des éco-actions.

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite entreprendre une transition écologique ?

Il est important de faire ce que l’on peut en fonction de ces moyens financiers et de ne pas s’autoflageller. Il faut être indulgent, car on ne peut pas tout faire en même temps.

« Le but est d’embarquer les territoires dans leur transition écologique en leur permettant de devenir une destination éco responsable. »

L’idée reçue à laquelle vous aimeriez faire la peau ?

Le tourisme durable c’est plus cher, c’est moins confortable. C’est faux, le tourisme durable conserve un confort semblable au tourisme classique, mais il permet de réduire considérablement son empreinte sur la planète.