En France, 2 milliards de protections menstruelles sont jetées chaque année. À bien y réfléchir, ce produit utilisé par les femmes depuis des millénaires est une aberration. Si nos aïeux utilisaient des chiffons et tissus réutilisables, l’industrialisation des serviettes et tampons dans sa version jetable telle qu’on la connait aujourd’hui n’est apparue que pendant l’entre-deux guerres pour véritablement exploser dans les années 60, produisant ainsi des millions de tonnes de déchets chaque année dans le monde. Maëlla Vicaud a décidé il y a quelques années de prendre le sujet en main en créant une des premières marques françaises de culottes menstruelles réutilisables : La Minette.
Temps de lecture : 8min
Je suis née en Bretagne et j’y vis actuellement. J’ai fait des études de commerce mais me suis vite aperçus que ce n’était pas pour moi, car c’est un état d’esprit très compétitif qui ne me correspond pas. Je me suis réorientée en école d’art où j’y ai appris l’infographie et la direction artistique. Après un an j’ai décidé de partir en Nouvelle Zélande avec mon compagnon. Nous y sommes restés un an. Pendant cette période je suis tombée sur un article qui parlait de la recherche de vaccins pour lutter contre le choc toxique, qui est un syndrome lié à la mauvaise utilisation d’une protection interne (tampon ou coupelle menstruelle). J’ai trouvé cela fou de vouloir créer un vaccin contre le choc toxique alors que la solution est simplement d’utiliser des protections saines et plus adaptées. Nous avons donc eu l’idée de créer une culotte avec un absorbant intégré qui soit ensuite lavable et réutilisable. Lorsque nous avons fait nos recherches en 2017, nous avons vu que cela existait déjà aux États-Unis, mais que le marché était balbutiant en France. Nous avons également étudié le secteur des protections hygiéniques, qui représente un fléau d’une part pour la planète, avec les 2 milliards de protections jetées chaque année en France, qui sont difficilement recyclables, et pour la santé d’autre part, car les tampons et serviettes hygiéniques sont bourrés de produits chimiques et causent de graves dommages sur le corps. En rentrant de notre voyage en Nouvelle Zélande, nous sommes passées par le Vietnam et la Thaïlande, ce fut alors un choc de constater la pollution plastique présente sur les plages et dans les rues. C’est de cette réflexion qu’est née La Minette, avec cette envie de proposer une alternative éco-responsable aux protections hygiéniques pour faire du bien à la santé des femmes et à la planète.
Nous avons fait un an et demi de recherche et développement avec beaucoup de prototypes pour arriver au produit final. Nous voulions des tissus certifiés Oeko-Tex & GOTS afin de garantir l’absence de substances nocives. En mars 2020 nous avons lancé notre campagne de crowdfunding qui fut un succès, puisque nous avons vendu presque 3 000 culottes en un mois. Notre particularité réside dans le design de nos produits, qui rappellent la marinière bretonne. Nous avons adopté dès le début une communication très transparente.
Comme le produit n’était pas encore démocratisé, nous avons fait le choix d’être accessibles sur internet et en magasin afin que les personnes puissent toucher les matières et mieux se rendre compte. Les culottes menstruelles sont distribuées en épicerie vrac et dans des Biocoop.
Dans l’absolu je trouve que c’est une bonne chose, cela veut dire que la demande de culottes menstruelles augmente et se démocratise, ainsi on réduit considérablement les déchets liés aux protections hygiéniques. En revanche, il y a une face cachée de ces nouvelles marques de culottes menstruelles, beaucoup se revendiquent « marque française », alors qu’elles font fabriquer leurs produits en Chine. Nous nous apercevons qu’il s’agit juste d’une communication afin de rendre la marque plus belle et éco friendly. Il est très compliqué pour le consommateur de s’en apercevoir, car souvent l’information n’est pas indiquée sur le site et est accessible seulement sur l’étiquette des culottes donc après achat. C’est agaçant pour nous, car nous prenons le temps de bien faire les choses, de développer et fabriquer un produit en France. Alors que ces marques achètent des culottes déjà toutes fabriquées en Chine à 3$ l’unité, frais de port inclus. Beaucoup de consommateurs ne comprennent pas pourquoi nos culottes sont plus chères, mais il est important de rappeler les conditions humaines utilisées pour la fabrication de ces culottes, car plus le prix est bas, plus l’humain en pâtit.
En France, nous estimons que 2 milliards de protections sont jetées chaque année, dans le monde cela représente 45 milliards. Une femme utilise entre 10 000 à 15 000 protections dans sa vie, son corps passe énormément de temps au contact des produits chimiques présent dans la serviette. Une femme dépense entre 15 à 30 € par mois de protections hygiéniques. Le marché des culottes menstruelle à explosé ces dernières années, par conséquent celui des tampons et serviettes hygiéniques à nettement reculé.
Au niveau du packaging nous n’utilisons pas de plastique, ce qui nous évite énormément de déchets. Nous faisons fréquemment des dons de culottes menstruelles à des associations telles que Règle Élémentaire (Première association française de lutte contre la précarité menstruelle), mais également des dons monétaires à des associations comme le CIDFF (Centre d’information sur les droits des femmes et des familles). Nous essayons de nous investir pour les droits des femmes au quotidien, aussi nos photos ne sont pas retouchées. Nous montrons une image authentique de la femme, loin des clichés et magazines.
J’ai toujours eu une sensibilité élevée, je n’aurais jamais pu travailler dans un endroit qui aurait eu un impact négatif sur l’humain ou la planète. Je ne mange pas de viande et ni de poisson.
« La Minette est née avec l’envie de proposer une alternative éco-responsable aux protections hygiéniques pour faire du bien à la santé des femmes et à la planète. »
Que les produits éco-responsables ne sont pas efficaces, surtout dans le domaine des cosmétiques. J’entends souvent cela et je trouve ça complètement faux. Ceci décrédibilise les produits et les démarches des marques engagées.
Les protections jetables, les bouteilles plastiques et le fait qu’on utilise de l’eau potable pour les toilettes, c’est complètement fou quand on y pense.
©Photos : Morgan Taltavull & La Minette
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Fondatrice de On The Wild Side, Cosmétiques cueillette sauvage - Bordeaux
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