Ingénieur de formation, Laurent Bernard est parti d’un constat simple : en matière de consommation énergétique, on ne peut tout simplement pas savoir ce que l’on ne voit pas. Appareils en veille ou chauffage mal réglé, cette consommation représente en moyenne 25% d’énergie gaspillée par an et par foyer. Avec son associé, Laurent Bernard imagine alors Ecojoko, un assistant connecté d’économie d’énergie. Petite révolution pour la planète mais aussi pour nos portefeuilles, l’entrepreneur nous fait part de ses futurs projets, avec optimisme et pragmatisme. Rencontre dans les bureaux d’Ecojoko situés à Montreuil.
Temps de lecture : 5min
Ingénieur de formation, j’ai travaillé pendant 15 ans dans l’industrie des télécom. J’ai donc été très vite sensibilisé aux problématiques liées à l’énergie. J’ai ressenti le besoin d’entreprendre sur un sujet qui représentait un impact environnemental fort et me suis associé avec mon partenaire.
Nous avons rapidement commencé à travailler sur une solution de lutte contre le gaspillage énergétique, qui représente un réel défi sans pour autant être au cœur du débat. Pour donner une idée, cette perte énergétique représente 300€ par an et par foyer soit huit réacteurs nucléaires qui tournent dans le vide… Vertigineux !
Nous avons donc réfléchi à une solution simple et intuitive pour traiter ce problème à la base, c’est-à-dire au cœur des foyers. De cette réflexion est né Ecojoko, un assistant connecté qui se présente sous forme d’un capteur et d’un afficheur, couplés à une application mobile. Tandis que le capteur permet de mesurer la consommation de la maison, l’afficheur et l’application permettent de donner une image en temps réel de la consommation d’énergie en Watts et la répartition des postes énergétiques du foyer. Cette solution permet enfin de “voir l’énergie”, et donc de mieux la maîtriser.
Avant de parler de l’outil, notre plus gros enjeu est de parvenir à faire passer notre message clef, à savoir que l’énergie ne se voit pas et donc se gaspille facilement. Nous voulons faire comprendre qu’il est simple de limiter sa consommation, sans pour autant faire de compromis drastiques. Par exemple, commencer par éteindre systématiquement les appareils en charge ! Ce discours n’est pas encore bien accepté et compris car il est nouveau.
Ensuite, nous avons bien sûr de véritables enjeux produit. Lancé en janvier 2019, l’application en est à sa version .20 et ne cesse de s’améliorer. Nous continuons d’affiner les recommandations données par l’assistant pour qu’elles soient les plus personnalisées possible. Plus ces recommandations seront fines, moins elles demanderont d’efforts aux utilisateurs.
En 2021, l’assistant pourra également fournir des recommandations précises au sujet de la consommation d’eau, de gaz mais aussi sur celle des voitures électriques.
Je dirais que c’est avant tout un alignement. Dans mon précédent travail, j’aimais concevoir des produits utilisés par des millions de personnes. Cela avait du sens pour moi, mais il manquait cet aspect environnemental qui m’a toujours beaucoup tenu à cœur. En créant Ecojoko, j’ai simplement aligné mes activités et mes compétences avec mes valeurs.
Philosophiquement et sur le fond je ne suis pas contre, j’y tends même dans ma vie personnelle mais je ne crois pas que cela soit un terme assez attirant pour le plus grand nombre. En fait, c’est le mot « décroissance » qui ne convient pas. Il ne donne envie à personne de changer ses habitudes alors même que cela devrait être notre objectif à tous ! On a envie de plus de bien être, mais pas de moins acheter. C’est juste un problème de formulation de proposition car à la fin, les deux concepts sont liés.
Ecojoko prône d’ailleurs la sobriété énergétique, un mode de vie encore en cours de démocratisation. C’est pour accélérer ce processus que nous sommes notamment vendus chez Nature & Découverte ou à la Fnac. L’une de mes grandes fiertés est d’ailleurs que notre produit soit choisi par des consommateurs au milieu d’autres produits de loisirs. Cela veut dire que notre solution, d’une certaine manière, donne envie ! Nous essayons de changer le système de l’intérieur plutôt que de s’y opposer. Je suis persuadé que personne ne changera ses habitudes avec des discours moralisateurs et pessimistes.
Je suis avant tout un ingénieur et donc assez pragmatique. Ecojoko a été conçu de telle sorte à ce que chacun puisse y mesurer son bénéfice facilement et rapidement.
Dans la forme, nous cherchons avant tout à valoriser la satisfaction immédiate et empirique, comme celle de réaliser plusieurs centaines d’euros d’économies par an.
Dans le fond, notre défi est d’accompagner les foyers dans une prise de conscience durable, car je ne pense pas que seule la volonté suffise. Si nous ne comprenons pas les impacts de nos comportements, nous n’aurons aucune raison de les changer. Ce qu’il faut, c’est être conscient de l’énergie dépensée et se donner les moyens d’agir.
Elle vient sans doute de mon enfance. Je faisais beaucoup de voile. Lorsque vous passez vos journées sur un bateau, vous êtes le témoin d’un micro-écosystème où l’on doit être entièrement autonome sur la gestion de l’énergie, des déchets ou des denrées alimentaires. J’y ai développé un mode de pensée axé sur le juste usage de toute chose. Et bien sûr une très forte sensibilité à mon impact sur l’environnement.
J’ai vendu mon scooter thermique pour le troquer contre un vélo électrique. Au sujet de ce type de changement, on se dit après coup que ce n’était finalement pas grand chose mais ce n’est pas facile de sauter le pas ! Après comparaison des deux modes de transport, l’unique avantage du scooter était de me faire gagner dix minutes. Ce petit compromis, qui pourtant n’est rien, a mis beaucoup de temps à s’effectuer. Je fais aussi très attention à ce que je mange. Nous sommes une famille de cinq, nous essayons de manger bio mais surtout local, ce qui n’est pas encore évident. Enfin, cela va sans dire mais nous avons largement optimisé la consommation d’énergie chez nous !
En tant qu’entreprise, notre impact carbone vient de la création du boîtier, comme n’importe quel produit électronique. En revanche, nous avons fait en sorte que l’impact à l’utilisation soit très faible. C’est un véritable arbitrage car le boîtier met plus de temps à démarrer. En résumé, nous prenons le parti de technologies qui accélèrent le fonctionnement de l’outil pour limiter sa consommation d’énergie.
Enfin, nous travaillons sur un dernier axe qui est celui de l’usage. Au-delà de l’indice de réparabilité qui sera bientôt mis en place sur tous les produits numériques, nous donnons le choix à l’utilisateur de louer ou d’acheter Ecojoko.
La dernière étape sera d’avoir assez de poids sur le marché pour négocier avec les fabricants dans le cadre de la production du boîtier, avec pour objectif d’en réduire son empreinte carbone.
C’est un sujet que j’adore aborder avec mes enfants ! J’essaie toujours d’avoir un discours positif qui valorise les petits gestes du quotidien. Il est très facile de leur inculquer cela ; ils acquièrent facilement cette conscience environnementale et font des efforts assez naturellement. C’est ce qui m’a inspiré la technologie du boîtier. Si mes enfants peuvent en comprendre le fonctionnement, cela ne devrait pas être très compliqué pour un adulte !
En résumé, je dirais que l’écologie n’est pas une question de volonté seule, mais plutôt d’avoir la volonté de comprendre pour mieux agir. C’est cette même appétence pour la compréhension qui fait que tous les sujets écologiques sont des challenges passionnants.
Pour ma part, j’essaie d’y aller petit à petit et de tester, quitte à me tromper. C’est crucial d’expérimenter, de mettre en place des choses que l’on comprend et surtout qui font plaisir.
Par exemple, nous adorons cuisiner. En ce moment, nous essayons de mettre en place le vrac… C’est assez difficile avec trois enfants mais on s’accroche, et finalement c’est assez sympa d’avoir une cuisine remplie de bocaux ! Il faut commencer par appliquer des petits changements à ce que vous aimez.
Sans aucun doute la viande rouge, j’adore ça ! Et au-delà, la viande tout court. J’ai été élevé dans l’idée qu’un bon plat est forcément à base de viande ou de poisson. Et malgré ma volonté de changer, je m’aperçois que je ne sais absolument pas cuisiner de plats végétariens… Et je n’ai pas encore trouvé la solution pour remplacer le steak. Encore un peu de patience et j’y arriverai !
« L’écologie n’est pas une question de volonté seule, mais plutôt d’avoir la volonté de comprendre pour mieux agir »
La marque en moins. Ce sont des produits ménagers dont le processus de fabrication a permis de réduire l’empreinte carbone au strict minimum, notamment en utilisant le moins de plastique possible. Je pense également à Tee Bike qui proposent d’électrifier nos vieux vélos plutôt que de s’en débarrasser. Enfin, la marketplace Super Producteur qui replace le producteur au cœur de la chaîne alimentaire et du mieux nourrir.
Les terrasses de chauffées au gaz. Une véritable aberration écologique qui me rend complètement fou ! Quand je pense aux grammes de CO2 par Kwh qui auraient tout simplement pu être remplacés par des couvertures…
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