Juliette Lailler

La pétillante Juliette Lailler a lancé Krème en plein confinement avec son associée Marie Belile. Krème c’est la marque bio et naturelle qui entend révolutionner le monde des cosmétiques en inventant le concept de Cosmétique Fraîche. Avec des compositions 100% françaises et en circuit court, Juliette prouve qu’éco-responsabilité et détermination peuvent faire la différence. Elle nous rencontre dans l’incubateur Station F à Paris.

26/10/21

Temps de lecture : 8min

Juliette quel est votre parcours et comment la marque Krème est-elle née ?

J’ai étudié dans une école de commerce, suite à cela j’ai été engagée dans une grande entreprise de cosmétiques où ma carrière était toute tracée. Mais venant d’une famille de créateurs, j’ai toujours eu en moi une fibre entrepreneuriale. Il y a deux ans Marie est venue toquer à ma porte, elle travaillait alors dans l’aéronautique, mais avait une grande passion pour le monde de la beauté et souhaitait se reconvertir. Nous sommes parties de la problématique suivante : lorsqu’on a une peau réactive, quel choix fait-on entre une marque hypoallergénique en pharmacie, dont la composition n’est pas toujours très clean, et une marque naturelle, avec une composition propre, mais pas toujours hypoallergénique ? Nous avons uni nos compétences pour imaginer une marque de produits sains, bio et formulés en circuit court répondant au juste besoin. La particularité de Krème c’est le rythme de production, tous les trois mois, contre un an pour les marques de cosmétiques basiques qui stockent ensuite le produit. Tous nos ingrédients sont made in France, ce qui rend possible le principe de la «cosmétique fraîche».

Comment vos formules innovatrices ont-elles été accueillies ?

Très bien dans l’ensemble ! Nos formules ont obtenu le critère A (plus haut score possible) du Challenge-Test qui évalue la capacité de conservation d’un produit. Nos produits s’auto-conservent dans un premier temps grâce à l’absence ou la diminution considérable d’eau dans la composition (sans eau pas de bactéries), dans un second temps la conservation se fait avec des antimicrobiens naturels comme le thym, le citron et les probiotiques. Il y a un engouement très fort autour de la présence de probiotiques qui rééquilibrent la peau, mais aussi de la production locale en circuit court. 65% de nos clients recommandent lorsque leurs produits sont terminés. Nous avons constaté qu’il y a un « avant » et un « après » Krème pour bon nombre d’entre eux. Nos produits atténuent les imperfections, calment les rougeurs et apportent un surplus de confort pour des peaux qui rencontraient ces problèmes depuis longtemps sans trouver la solution. L’enjeu majeur est la recherche de matières premières en France, car même si ses territoires sont riches, beaucoup de produits ne sont pas cultivés. C’est pourquoi nous soutenons les agriculteurs en difficultés ou en reconversion dans le bio et travaillons main dans la main avec eux afin de réintroduire certaines plantes qui n’existent plus en France.

Comment expliquez-vous l'efficacité de vos produits ?

Notre problématique était de réaliser des produits bio, sensoriels, efficaces et hypoallergéniques. Aujourd’hui, un français sur trois souffre d’un problème de peau, avec parmi les pathologies qui reviennent le plus : l’eczéma, le psoriasis, l’acné et la rosacée. Krème agit vraiment en profondeur, premièrement en sevrant la peau par l’absence de conservateurs, qui tuent absolument toutes les bactéries sur leur passage, même ceux du microbiome de la peau qui nous sert de barrière protectrice depuis la naissance. Deuxièmement, lorsque la flore cutanée se rééquilibre, les actifs botaniques avec chacun leurs particularités agissent sur la peau. Tous les ingrédients fonctionnent en synergie les uns avec les autres.

Envisagez-vous des contenants rechargeables pour la suite ?

C’est l’enjeu actuel, nous sommes en pleine réflexion afin de déterminer la démarche la plus écologique possible. On travaille sur un système de consigne pour les flacons en verre. Mais en attendant les réponses de nos études, Krème a banni le plastique de ses contenants et a privilégié le verre et l’aluminium. Ce dernier étant recyclable à l’infini, il ne perd jamais ses propriétés physiques comparé au plastique qui s’abîme très vite après deux à trois recyclages. L’aluminium conserve également mieux les formules grâce à sa température interne stable et sa non-interaction avec le produit contrairement au plastique qui libère des particules de microplastique dans la formule. Afin de tendre vers le zéro déchet nous avons également développé des produits solides.

« L’écologie passe vraiment par la pédagogie, il n’y a pas une meilleure façon de faire. »

Pouvez-vous nous parler un peu plus de votre podcast A vous demain ?

Avec Marie nous écoutions des podcasts autour des thématiques business ou développement personnel, mais nous avons ressenti le besoin de montrer des parcours de personnes qui réussissent leur vie avant de « réussir dans la vie ». Nous avons lancé le podcast “A vous demain”, qui part à la rencontre de personnes de tous horizons, engagées et porteuses de messages. Ce projet a été une source d’inspiration énorme, on se nourrit de ces rencontres. Nous avons approché des dirigeants d’ONG tels que Greenpeace, Médecin sans frontières, ou des entrepreneurs comme Thomas Huriez fondateur de 1083.

Juliette, d'où vous vient votre conscience écologique ?

Je pense que j’ai toujours baigné dans l’écologie, que ce soit à l’école ou dans mon cercle familial car il y a eu une prise de conscience écologique dans les années 1990. Mais ma conscience s’est vraiment affirmée et renforcée lorsque j’ai travaillé dans des grandes entreprises de cosmétiques et que j’ai réalisé l’impact environnemental des packagings que nous fabriquions. Le podcast “A vous demain”, a également accru cette conscience au fil des rencontres de ces personnes engagées.

Quelles sont vos actions éco-responsables ?

J’ai encore du mal à réduire mes emballages alimentaires, mais c’est en cours. Je ne mange plus de viandes et de poissons, seulement lorsque je suis invitée pour ne pas imposer cela à mes convives. Je trouve que manger un morceau de viande ou de poisson devrait être une exception, pour fêter quelque chose.

Quel est le truc anti-écolo qui vous rend dingue ?

Les personnes qui ne trient pas leurs déchets et le greenwashing de certaines marques telles que celles qui clament que leurs flacons sont en plastique 100% recyclé, ce qui est impossible aujourd’hui on ne peut le recycler qu’à 60% au mieux.

L’idée reçue à laquelle vous aimeriez faire la peau ?

Je pense que l’écologie passe vraiment par la pédagogie, il n’y a pas une meilleure façon de faire qu’une autre. On peut tous faire le bien à notre échelle. Il est important de garder son humilité face aux enjeux écologiques.

Pour nos lecteurs