Pionnière en matière d’écologie numérique, cette talentueuse entrepreneure de 33 ans nous reçoit chez elle pour parler de ses deux entreprises : l’ONG Digital for the Planet et Preserve mais aussi ses combats quotidiens pour un mode de vie plus responsable. Passionnée de lettres, d’arts et businesswoman accomplie, Inès Leonarduzzi puise son rapport à l’écologie dans ses racines et son enfance. A la fois inspirée et inspirante, cette femme de caractère fait bouger les lignes avec une énergie contagieuse, et toujours avec style. Inès nous reçoit chez elle à Paris.
Digital for the Planet est une ONG aujourd’hui présente sur trois continents, que j’ai fondée il y a trois ans et qui promeut l’écologie numérique. Sujet encore peu présent dans le débat national, le thème prend peu à peu de l’ampleur.
Mon organisation ambitionne de faire s’approprier aux citoyens, aux gouvernements et aux entreprises les préceptes fondateurs de l’écologie numérique.
Il existe trois types de pollution numérique : la pollution environnementale, la pollution intellectuelle – c’est à dire quand le numérique “désincarné” — c’est-à-dire qui n’a d’autre but que lui-même — son impact sur la planète, mais aussi nos capacités cognitives et notre rapport à l’intelligence – et enfin sociétale ; ou quand le numérique altère le projet de société, et effrite des valeurs cardinales comme le vivre ensemble.
Nous nous adressons à trois publics distincts. Tout d’abord les citoyens via des missions de protection, d’information et d’éducation. Ensuite, les entreprises que nous accompagnons dans la réduction des trois aspects de la pollution numérique cités ci-dessus et retrouver leur raison d’être. Enfin, nous travaillons avec les gouvernements pour produire des politiques publiques plus vertueuses du point de vue des citoyens et de la planète.
J’ai également écrit un livre, Réparer le Futur : du numérique à l’écologie, qui vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Il reprend l’histoire de Digital for the Planet, l’ensemble de mon expérience et propose des solutions pour accompagner les acteurs concernés dans la réduction de leur propre pollution numérique.
Preserve est né en 2020. C’est une plateforme numérique qui propose des masterclasses et des contenus qualitatifs dédiés au bien-être. La mission de Preserve est d’aider les femmes et les hommes au quotidien dans leur développement personnel et professionnel. Preserve est une plateforme éco-conçue, elle émet donc peu de carbone. Elle se met au service des individus en leur permettant de tendre vers leur rêve, leurs objectifs. Enfin, je suis convaincue que lorsqu’on apprend à mieux se connaître, alors on comprend mieux les autres et on construit une société plus juste. C’est comme cela, par exemple, que l’écologie numérique est rendue possible.
Concernant les acteurs du cercle politique, ce sont eux qui nous contactent afin de nous intégrer dans des projets bien précis. Nous rédigeons par exemple des notes stratégiques, des amendements pour les parlementaires et certains ministres. Ils nous arrive de donner nos recommandations sur des textes en construction : j’aime regarder comment ceux-ci s’appliquent concrètement dans le quotidien des femmes et des hommes. Ce réalisme me tient à cœur. Je suis une personne du terrain, passionnée par la diversité des régions françaises.
Digital For The Planet est particulièrement sollicitée par les entreprises, et c’est une bonne chose. Nous les accompagnons dans leur changement d’approche du numérique. Il peut s’agir de formation et de coaching en management, d’écoconception logicielle ou encore d’accompagnement de projets RH ou SI.
« Le numérique doit nous servir et non nous asservir »
J’ai certes des clefs qui ouvrent sur le monde politique mais le pouvoir ne m’intéresse pas vraiment. Je préfère être sur le terrain. Je crois que je fais bien les choses quand je suis connectée à mon monde intérieur. Je suis fascinée par les gens, parce que je ne comprends pas. J’ai une source inépuisable d’inspiration tant que je suis au contact du “vrai”, des autres. Je me connais assez pour savoir que j’ai avant tout besoin de silence et de liberté, ce qui est parfois contradictoire avec l’activité politique.
Nous avons tendance à penser que ce sont les e-mails qui polluent le plus. Il est vrai que leur impact au global n’est pas négligeable mais c’est la fabrication des appareils électroniques et leur mauvais recyclage qui pose le plus gros problème. Éviter par exemple de poser son ordinateur sur ses genoux afin de ne pas abîmer le système de ventilation mais aussi privilégier les achats de seconde main ou ceux qui ont un bon indice de réparabilité.
Pourtant les consommateurs sont encore réticents… Pensez au marché de l’automobile d’occasion : on n’a pas peur de se lancer à 130 km/h sur l’autoroute mais est terrorisé à l’idée d’acquérir un smartphone ou laptop de seconde main !
Mon second conseil serait de se connecter en Wifi plutôt qu’en 4G, surtout dans le cadre d’activités gourmandes en matière d’énergie, comme le téléchargement. Le wifi consomme 23 fois moins d’énergie que la 4G.
Enfin, ne pas hésiter à débrancher ses appareils connectés lorsque l’on n’est pas chez soi. Cela ne va pas abîmer nos outils ou ralentir leur démarrage, c’est une idée reçue ! Cela permet de réduire l’énergie dépensée mais aussi nos budgets énergie : cela peut représenter jusqu’à 80€ d’économie par an.
Il est assez naturel. Je viens d’une famille qui, par essence, est responsable dans ses usages. Dans la culture berbère rien ne se jette, tout se transforme. Je suis née à la campagne, nous achetions le lait chez la laitière, nos légumes directement chez les producteurs. Ma mère, thérapeute, proposait des consultations aux agriculteurs et se faisait payer en cagettes de légumes. Elle voulait donner conscience de soi à tous. J’ai appris la valeur des choses à travers elle et sa façon de fonctionner.
J’ai aussi et personnellement une relation très intime à la nature, presque spirituelle. C’est dans mes racines ; et même aujourd’hui, au sein de notre petite famille, l’approche est la même : la nature est notre maison, et nous faisons partie d’un écosystème dépendant des autres.
À la maison, nous avons souscrit à un abonnement d’électricité verte. Je trouve que cela anoblit la lumière de savoir qu’elle a été produite de manière écologique et on tend à la respecter davantage, même si celle-ci n’arrive pas nécessairement dans notre maison. Vivant à Paris, pour me déplacer, j’utilise les scooters électriques collaboratifs quand il s’agit de me déplacer rapidement. Mais j’aime surtout me déplacer en vélo ou surtout à pieds. Marcher est un moment particulièrement méditatif !
En règle générale, j’achète assez peu et lorsque je le dois, j’évalue systématiquement mon futur achat selon trois critères qui m’ont été soufflés par une amie, Marie, spécialiste de ce qu’elle appelle l’écologie d’intérieur. Ce que j’achète doit être beau, utile et durable, c’est-à-dire produit dans des conditions responsable et de manière à durer longtemps.
Ces trois critères réunis me font finalement faire des économies même s’il m’arrive de payer plus cher, car j’achète beaucoup moins souvent. Je pense que la génération de l’achat compulsif a fait son temps, cette époque où l’on rentrait chez soi avec dix sacs dans les mains et l’on pestait à propos du fait que nous n’avions plus de place nulle part. Ma génération tend à faire évoluer les mœurs, mettant la réflexion au centre de l’acte d’achat. Selon moi, cela ne peut apporter que du positif !
Il faut que cela vienne naturellement. Il est nécessaire de faire des efforts mais en essayant de se contorsionner, on risque de s’essouffler. Par ailleurs, il est difficile de cocher toutes les cases. Par exemple, je n’utilise pas de couches lavables, mais des couches biodégradables. Mais je fais d’autres choses plus faciles pour nous : la quasi-totalité des vêtements de mon fils sont de seconde main. Cela se passe très bien, ces filières apportent un vrai soin aux vêtements. Ses jouets sont également de seconde main, et parfois on ne voit pas la différence avec les jouets neufs, ou encore issus de l’upcycling. J’aime beaucoup, par exemple, la marque Mini Mondes, qui créé des jouets à partir de plastique recyclé ou encore la maison Loir Paris, un vestiaire de vêtements pour enfants fabriqués en Europe à partir de chutes de jolis tissus. En somme, la majeure partie de l’univers de mon fils est éco-conçue.
En ce qui me concerne, lorsque j’ai commencé ma démarche de me demander si chaque chose dans mon dressing était nécessaire, j’ai donné de nos vêtements à des foyers de jeunes femmes. On ne les vois pas forcément, mais ces lieux sont nombreux. Donner ce que l’on possède, c’est aussi une façon de prendre encore plus soin des choses, par délicatesse pour la personne qui en héritera. Cette chaîne vertueuse rend, je trouve, nos comportements encore plus beaux et précieux. Et lorsque j’achète, je privilégie les marques comme comme Septem ou Balzac, des intemporels fabriqués en France ou en Europe, et si je désire un bijou pour une occasion particulière, j’indique la maison Courbet, qui créé des pièces sublimes à partir d’or recyclé et de diamants de synthèse.
En ce qui concerne notre intérieur, nous avons pris du temps pour le décorer car les jolies choses mettent du temps à se faire : nous avons fait travailler des artisans ou des marques françaises qui produisent à la commande. Nous avions vraiment à cœur de garder nos meubles le plus longtemps possible, voire même les transmettre à nos enfants un jour. Ils vieilliront avec nous et feront finalement partie de notre histoire.
« Le drastique est l’opposé du durable«
L’idée reçue est de penser que si l’on veut s’engager un peu, il faut tout faire bien tout de suite. Or, je pense que le drastique est l’opposé du durable. Le drastique peut fonctionner pour certaines personnes, mais à l’échelle d’un pays, c’est moins probable. L’objectif est de vivre ensemble dans des habitudes qui ressemblent à chacun tout en nous rapprochant. Je ne crois pas que la frustration soit un moteur pour quoi que ce soit.
J’aime l’idée des petites victoires car elles motivent. Les objectifs à 50 ans sont peu ancrés dans le présent, ce qui les rend presque illusoires. S’il faut néanmoins les conserver pour savoir où l’on va, il faut joncher la route de points d’étapes.
Sans hésiter les gens qui jettent leurs déchets par terre. Quand je vois des masques par terre, je bondis. Je trouve cela violent, socialement.
Je n’en ai pas. Je ne crie pas sous les toits ce que je fais, et je ne mens pas non plus à propos de ce que je ne fais pas. En famille, nous faisons en sorte de nous questionner souvent. Nous sommes dans une progression bienveillante. Nous essayons d’être une famille saine mais pas dogmatique.
Si je devais citer une difficulté, je dirais que la principale est d’acheter local ; c’est la seule chose qui me gêne. J’essaie de limiter ces achats “lointains” au maximum. J’adorerais pouvoir avoir accès à des agriculteurs locaux ou des régions voisines. Si j’avais plus de temps, c’est sans aucun doute un projet que je porterais : rendre facile l’achat quotidien de produits locaux ou régionaux.
En savoir plus sur Digital for the Planet
Joaillerie Ecoresponsable
Luxe éthique
Cosmétique naturelle
Mode éthique
La Librairie
Mode éthique
Joaillerie Ecoresponsable
Luxe éthique
Cosmétique naturelle
Mode éthique
La Librairie
Mode éthique
Joaillerie Ecoresponsable
Luxe éthique
Découvrez
Ce site a été conçu et développé par Buddy Buddy pour produire une faible empreinte carbone.
Nous utilisons des cookies pour le recueil anonyme d'informations à des fins statistiques.
En savoir plus
Commentaires