Géraldine Blanc

Réinventer le mobilier de demain. L’imaginer plus convivial et personnalisé avec des matières locales, nobles et recyclées, c’est l’ambition de Géraldine Blanc et Jordane Paragon lorsque ces deux amies décident de créer la marque de design For me Lab en 2016. Pari réussi ! Cette jolie entreprise aux origines purement digitales compte à présent 17 salariés, un showroom parisien et conçoit des meubles pour les particuliers mais aussi les espaces de vie de grandes entreprises ou encore d’hôtels et restaurants. Nous rencontrons Géraldine dans sa maison en région parisienne qu'elle nous fait visiter. Elle nous raconte l’aventure FOR ME LAB ainsi que ses convictions sur l’éco-responsabilité.

09/07/21

Temps de lecture : 8min

Géraldine, quel est votre parcours et comment FOR ME LAB est-il né ?

J’ai débuté ma carrière en tant que chef de produit puis directrice marketing et communication dans l’industrie cosmétique. J’étais très attirée par le côté international et la dimension créative de ce métier que j’ai exercé pendant 11 ans. C’était très sympathique mais je n’ai jamais été à l’aise avec les messages marketing des marques, les notions de performance et de surconsommation. Puis, j’ai intégré la maison Anne Fontaine qui me correspondait davantage en terme de valeurs.

Pendant le congé maternité de mon dernier enfant, nous aménagions la maison dans laquelle nous nous trouvons actuellement. J’ai beaucoup chiné pendant cette période. J’ai fait faire notre table de convivialité par un artisan car je ne trouvais pas ce que je voulais dans les enseignes de décoration. Puis je me suis mise à rêver d’un site internet mêlant une sélection de créations artisanales qui ont une âme, qui soient faites main et la valeur ajoutée de les faire fabriquer sur-mesure, de ne pas produire des stocks illimités à l’autre bout du monde. Ce qui m’intéressait était de créer une histoire entre un artisan, mon entreprise et notre client.
J’ai parlé de ce projet à mon amie Jordane Paragon et nous avons lancé For Me Lab en 2016.

Avez-vous trouvé votre identité immédiatement ?

Nous avons beaucoup testé au début. Nous nous sommes nourries des conférences de The Family sur l’entrepreneuriat qui désacralisait la difficulté de monter son entreprise et prônait le fait de se lancer, de tester sans attendre que ce soit parfait. Ainsi nous avons proposé un site « fait maison », avec des artisans que j’avais dénichés et nous avons très vite vu que cela plaisait, que les créations que nous proposions avaient un impact.
Notre offre a beaucoup évolué depuis nos débuts, car à l’origine nous proposions même de la mode, des bijoux sur mesure. Maintenant nous nous concentrons essentiellement sur le mobilier et sur le marché du B2B. Nous avons réussi à émerger avec un style naturel, authentique, basé sur des matières recyclées et qui met en avant des savoir-faire.

L’éco-responsabilité fait de plus en plus partie des cahiers des charges des entreprises dans l’aménagement de leurs bureaux, on le constate aussi beaucoup dans le secteur des hôtels et restaurants.

Pouvez-vous nous parler davantage des matières que vous utilisez ?

C’est vraiment notre force. Nous travaillons avec du bois massif, du bois recyclé mais aussi du plastique recyclé (sourcé chez Le Pavé, NDLR) et plein de nouveaux matériaux.

Par ailleurs nous travaillons beaucoup la traçabilité et la certification des matériaux. Les bois recyclés que nous utilisons n’ont pas tous forcément une certification, cependant nous savons qu’ils viennent pour la plupart de granges abandonnées dans les Alpes suisses ou françaises.

Quelles sont les actions éco-responsables dans votre vie quotidienne ?

Nous menons une bataille sur nos déchets, cela implique une remise en question de l’ensemble de notre mode de vie. Nous ne sommes pas aidés par les supermarchés qui sont des temples d’emballages et de déchets, du coup je dois avouer que c’est un casse-tête au quotidien. L’offre n’est pas claire et quand je mêle les problématiques du bio, des déchets et de la cause animale alors cela n’est pas simple pour faire mes courses.

En terme d’appareil électronique, nous n’achetons plus que du reconditionné quand cela est nécessaire.

« Ecouter les gens qui sont dans le mouvement est la clé »

Vous avez trois enfants, comment le sujet est-il abordé avec eux ?

Nous parlons beaucoup d’écologie dans la famille. Les enfants y sont très sensibles mais je trouve qu’on fait trop « d’exceptions écologiques » pour eux.

Par exemple, même si nous mettons tout en œuvre pour les entourer de jouets durables, ils ont malgré tout toujours cette tentation d’acquérir des choses nouvelles en permanence. Pour les accompagner vers un mode de vie différent, je m’inspire du livre «Les enfants du zéro déchet» qui permet de renouer avec le «faire soi-même» et ils adorent ça !

Comment parlez-vous d’écologie autour de vous ?

J’ai des discussions passionnées avec mes amis sur l’urgence qu’il y a à réinventer un nouveau modèle de société, sur nos actions et nos contradictions. Ce sont souvent des discussions que j’ai avec des femmes; on se donne des astuces et des bons plans. C’est important de partager et d’en discuter car le sujet environnemental est source de stress. Ecouter les gens qui sont dans le mouvement est la clé, c’est pourquoi je me nourris de podcast inspirants comme Vlan ! de Grégory Pouy.

Quelle est l’idée reçue à laquelle il faut faire la peau ?

Ce n’est pas en faisant simplement son compost que nous allons changer notre empreinte écologique.
Il faut aller plus loin, revoir nos modes de vie au regard de l’urgence de la situation mais la difficulté est de rendre cela cohérent avec nos quotidiens de citadins et de gens pressés. C’est ce que nous avons voulu faire à notre échelle avec FOR ME LAB : réinventer le mobilier de demain pour qu’il réponde à la fois aux exigences environnementales et aux attentes des gens.

« le prix de chaque objet devrait être fixé en fonction de son coût de production mais aussi de son impact écologique »

Quel conseil donneriez-vous pour bien aborder sa transition écologique ?

Je dirais qu’il faut réfléchir à chacun de ses achats et consommer moins. On ne peut plus continuer à acheter des objets pas chers et sans valeur de manière compulsive.
Il me semble que le prix de chaque objet devrait être fixé en fonction de son coût de production mais aussi de son impact écologique.

Qu’est-il difficile de changer dans votre quotidien ?

Le voyage, comme beaucoup de personnes j’imagine. Même si j’ai conscience de l’empreinte carbone de l’avion ou de la voiture, il m’est encore difficile de renoncer aux évasions en famille !