Fabienne Leclerc

Vous avez sûrement déjà (re)décoré votre intérieur et pour éviter de jeter et d’acheter de nouveaux meubles, vous avez peut-être même tenté de les valoriser en changeant la couleur, le style ou la forme. C’est ce que nous transmet Fabienne Leclerc avec Camaëlle, une jolie marque de peintures 100% made in France, biosourcées et surtout sans odeur. Un réel plaisir, lorsque l’on sait que les émanations de peintures sont très toxiques pour notre santé.

28/06/22

Temps de lecture : 9min

Fabienne quel est votre parcours et comment Camaëlle est née ?

Infirmière de formation je me suis recentrée il y a quelques années sur ma famille, ma passion du DIY et de la revalorisation de mobilier. J’ai rapidement ouvert un petit atelier de customisation et j’ai travaillé pour une marque de peinture que nous revendions à l’atelier. Puis j’ai eu envie de passer une étape dans mon parcours professionnel. Avec deux amies, nous nous sommes associées et nous avions des idées bien arrêtées sur ce que nous voulions, malheureusement nous n’avons pas trouvé le produit qui répondait à tous nos critères, alors nous avons décidé de le créer. Nous nous sommes inspirées de ce qui existait et nous avons conçu un produit sur-mesure qui puisse nous servir avant-tout. Nous avions donc un cahier des charges très précis : des peintures sans odeur (sans COV) et biosourcées. Donc, nous avons lancé notre marque Camaëlle. La marque à très bien été accueillie et nos clients professionnels nous ont même demandé des formations pour les utiliser. Nous avons donc lancé Formaëlle afin de proposer des formations certifiées en valorisation de mobilier.

Vous avez fait partie des précurseurs des peintures biosourcées, dites-nous en plus ?

Il y a 7 ans, lorsque nous avons émis le cahier des charges pour ses peintures nous avons vraiment mis l’accent sur le fait qu’elles soient sans odeur, c’était pour nous une priorité. Le laboratoire avec qui nous travaillons nous a proposé de les fabriquer de manière biosourcée et de fil en aiguille pour une question de cohérence nous avons poussé cette démarche éco-responsable jusqu’au bout. Nos contenants sont donc recyclables, nos étiquettes labellisées imprim’vert. Pour les colis en carton, nous avons investi dans une machine de calage à air. Cette technique permet de réduire le poids des colis, donc d’avoir un impact carbone moins important. Pour la partie formation, nous proposons le contenu pédagogique en ligne ou sur des clés USB, pour imprimer sur des feuilles papier que lorsque nous n’avons pas d’autre choix. La peinture biosourcée a été l’élément déclencheur qui nous a obligé à nous positionner rapidement dans une démarche écoresponsable globale. De plus, nous avons fait le choix d’être une marque 100% française, de la fabrication, à la production en passant par la distribution.

Comment se porte le marché de la décoration en France ?

En 2020, le marché de la décoration d’intérieur a augmenté de 13% et près de 89% des français s’intéressent à la décoration (surtout depuis l’expansion du télétravail). Le covid a augmenté les ventes en ligne en lien avec la décoration de 53%, donc c’est un marché en plein essor. Le DIY est un phénomène de société qui a été plébiscité par les français pour une motivation économique en premier lieu, un accomplissement personnel en deuxième lieu et enfin un moyen de préserver l’environnement.

Dans cette aventure qu’est ce qui a été le plus compliqué pour vous ?

Se lancer dans l’entreprenariat, n’est pas chose facile, je dirais qu’il faut avoir une bonne dose d’inconscience ! Le monde de la peinture est très masculin et il m’a fallu m’imposer pour gagner en crédibilité. C’est vraiment grâce à nos compétences techniques que nous avons réussi à faire notre place.

Des projets futurs ?

Nous essayons d’être proactifs dans la proposition de nouveaux produits à nos clients. Nous avons vraiment à cœur de proposer le produit dont on commence à entendre parler. Nous essayons toujours d’être novateur. Par exemple, lorsque la décoration shabby chic est revenue à la mode par le biais de l’ethnic chic, nous avons créé un spray de vernis, pour simplifier le procédé de craquelure. Chaque année, nous sortons 10 nouveaux coloris. Nous proposons également des produits dérivés de revalorisation de mobilier, comme des papiers peints, des moulures, des pochoirs et même des tissus, dans le but d’avoir une gamme très complète.

Quelles sont vos actions éco-responsables au quotidien ?

Au niveau de notre entreprise, nous avons mis en place le tri des déchets, nous imprimons très rarement, nous essayons d’initier nos clients à l’éco-responsabilité en étant force de proposition dans le mobilier recyclé par exemple. Lorsqu’il fait beau, j’utilise mon vélo au lieu de ma voiture. Je n’achète qu’en circuit court et des produits bruts de saison, en agriculture raisonnée.

Comment votre conscience écologique est née ?

Mes parents qui ont vécu dans les années 60, n’avaient pas la conscience écologique. Mais, j’ai toujours appris à réparer au lieu de jeter. Ce goût de la customisation pour avoir quelque chose d’unique et recyclé, à alimenter cette conscience écologique naissante. Cette démarche du DIY était mon quotidien lorsque j’étais enfant. Le fait d’être entrepreneur et de développer une marque, nous donne une responsabilité en plus de bien faire les choses. Je pense qu’on incarne sa marque, donc cela éveille notre conscience.

Quel conseil donneriez-vous à une personne qui souhaite entamer une transition écologique ?

Je conseillerais de commencer par éviter de jeter ses meubles et plutôt de les revaloriser. Des fois, il suffit de changer la couleur, la matière ou la forme pour avoir un nouveau meuble sur-mesure. En plus d’être une action écologique qui lutte contre la sur-consommation, cette action est gratifiante et apporte une satisfaction personnelle de l’avoir fait soi-même. Cela participe à une transition écologique et personnelle.