Caroline Vivant

Lorsqu’on entreprend une transition écologique, il est très fréquent de rencontrer une phase de confusion. Qui croire, comment consommer, quels gestes seront vraiment utiles ? Comme Ops, la vocation de Le Kaba, créé par Caroline Vivant et Claire-Anne Coriat est de guider au quotidien toutes les personnes qui veulent faire leur part de manière éclairée. Rencontre.

02/05/22

Temps de lecture : 8min

Caroline quel est votre parcours et comment Le Kaba est né ?

Début 2020, j’ai quitté mon entreprise, une fondation pour les jeunes en difficulté, carj’avais très envie d’entreprendre dans le milieu de l’écologie. J’étais une maman en pleine transition écologique, qui mettait en place peu à peu des actions éco-responsables, avec des hauts et des bas. Je passais beaucoup de temps à chercher des informations, à croiser les sources, en gardant un sentiment frustrant de ne jamais savoir si ce que je faisais servait à quelque chose ou était un simple geste anecdotique. Claire-Anne Coriat, mon associée, était dans la même situation. Nous nous sommes dits que beaucoup de personnes dans cette même démarche devaient rencontrer les mêmes obstacles. Nous avons voulu simplifier et faciliter cet accès à l’information en créant Le Kaba, un guide de la consommation éco-responsable. Claire-Anne avait commencé à lancer un projet de cartographie des commerces bio et vrac à Paris. Je l’ai rejointe assez vite, au out début du confinement, et nous avons lancé la première version de notre site internet en mai 2020.

Quelles sont les principales fonctions du Kaba

Après avoir démarré avec cette cartographie, nous avons souhaité quelque chose de plus ambitieux pour accompagner les consommateurs en transition de façon plus globale. Nous avons donc imaginé un comparateur d’alternatives éco-responsables. Notre objectif est de proposer une liste d’alternatives éco-responsables pour tous les objets ou services du quotidien (du shampoing solide au vélo électrique, en passant par les produits ménagers, etc). Pour que les personnes qui souhaitent consommer responsable ne passent plus des heures à chercher et comparer. Nous ne nous positionnons pas en tant qu’expert, mais plutôt en tant que “super consommateur” qui décrypte chaque composition, teste les produits et cherche de nouvelles marques et alternatives. Nous essayons également de donner plus de visibilité à ces petites marques qui essaient d’émerger. Nous proposons également une F.A.Q sur la manière d’utiliser les produits, de les entretenir, de les recycler. Nous mettons un point d’honneur à proposer une alternative à l’achat, comme la location, le prêt, la seconde main ou le DIY.

Vous proposez également des formations “classe verte” dites-nous en plus ?

Nous avons décidé d’aller plus loin dans notre démarche d’accompagnement, en proposant des ateliers en ligne concrets et interactifs. Nous proposons plusieurs formules : des défis à recevoir chaque semaine dans sa boîte mail, des ateliers en visio pour échanger avec d’autres personnes en transition et découvrir des éco-gestes ou bien un coaching personnalisé. Notre méthode est de passer en revue toutes les pièces de la maison (cuisine, salle de bain, dressing,…) et pour chacune, de proposer des actions concrètes à mettre en place pour réduire son impact environnemental, des recettes, des tutos pour fabriquer ses produits soi-même. Pendant ces formations nous encourageons les personnes à établir leur propre plan d’action. L’idée est qu’ils ressortent avec une trentaine de pistes d’actions dont trois faciles à mettre en place tout de suite. Pour chaque éco-geste évoqué, nous nous efforçons de quantifier l’impact concret que l’action aura occasionné (en empreinte carbone, en litre d’eau économisé…). Cela permet de se rendre vraiment compte de l’effet de son geste et encourage ainsi à continuer. Nous mettons également un espace d’échange à disposition pour pouvoir discuter, se motiver et partager ces bons plans. Nous avons fait le choix d’un défi par semaine, car changer une habitude est un processus très long, donc il vaut mieux en ancrer une chaque semaine plutôt qu’essayer de tout faire en même temps.

L'éco-anxiété est très présente lorsqu’on entame une transition écologique, comment contrez-vous cela ?

Nous avons essayé d’être dans la bienveillance, la non-culpabilité et en assumant de parler de petits gestes. Notre spécificité est d’être une passerelle entre la prise de conscience et l’action avec des gestes de niveaux différents. Je me suis fixée comme objectif d’embarquer des personnes même très loin du sujet pour les amener pas à pas à changer leur manière de consommer. Nous ne ciblons pas que des personnes éco-anxieuses, nous nous adressons également à des personnes en découverte de ces problématiques. Mais je m’aperçois que lors des classes vertes se sont généralement des personnes assez engagées qui y participent, parmi eux il y a des éco-anxieux tiraillés entre l’envie d’agir et le sentiment de n’en faire jamais assez.

De votre côté, comment votre conscience écologique est-elle née ?

J’ai, depuis petite, été bercée par une conscience écologique, ma famille est très engagée. Mes engagements se sont renforcés avec la naissance de mes enfants, c’est à ce moment que j’ai commencé à avoir des actions beaucoup plus concrètes.

Quelles sont les actions éco-responsables que vous intégrez dans votre quotidien ?

Mes vêtements et ceux de mes enfants sont composés à 80% de seconde main. Je suis rentrée dans une démarche où je consomme moins, je questionne l’achat, c’est-à-dire que je n’achète que si je ne trouve pas d’autres solutions alternatives. J’achète beaucoup en vrac et j’essaye de sensibiliser mes enfants à ces enjeux. Nous sommes actuellement en train de rénover une maison et c’est un bon exercice, car nous mettons un point d’honneur à choisir chaque aspect en fonction de sa durabilité et de son empreinte. Que ce soit le choix de peintures naturelles, d’énergie verte ou d’électroménager à basse consommation. Chaque achat est questionné avant d’être réalisé.

« L’éco-responsabilité consiste à consommer différemment, en questionnant l’achat. »

Quels conseils donneriez-vous à une personne qui souhaite entreprendre une transition écologique ?

Pour quelqu’un qui commence je pense qu’il est important d’entreprendre quelque chose qu’on est sûr de tenir dans la durée. L’idée est de rendre sa transition ludique et sympa. Par exemple remplacer son shampoing liquide par du shampoing solide est un petit geste. Mais si cela donne envie de changer ensuite son savon, son déodorant,… c’est vertueux ! Le reconditionné et la seconde main sont des actions plus simples à mettre en place, car lorsque économie et écologie se rejoignent c’est plus facile de faire changer les choses.

L’idée reçue à laquelle vous aimeriez faire la peau ?

L’idée qu’être écolo c’est pénible et plus cher. C’est complètement faux, l’éco-responsabilité n’est pas plus cher, cela consiste à consommer différemment, notamment en questionnant l’achat.