Juliette Lasnon

Imaginez une application qui permettrait de piloter le cycle de vie de tout ce que contient votre maison. Des vêtements, en passant par les meubles, les jouets ou l’électroménager, la nouvelle application mobile MooM met en relation entreprises, particuliers et réparateurs pour gérer le recyclage, la réparation ou la seconde vie de vos produits. Il fallait y penser, Juliette Lasnon et ses associés Jean-Philippe Taverdet, Sébastien Dalle, Fabien Villeminot et Nicolas Hennon se sont lancés dans l’aventure. Rencontre avec Juliette.

01/12/21

Temps de lecture : 7min

Juliette quel est votre parcours et le projet MooM App est-il né ?

J’ai passé quelques années dans la grande distribution. Ce fut une très belle expérience mais vers la fin, je ne me sentais plus en accord avec le leitmotive de l’entreprise : vendre le plus possible au plus grand nombre à des prix de moins en moins cher. Je me suis rendue compte que vendre un t-shirt qui a fait le tour du monde au prix d’un paquet de chewing-gum était une aberration environnementale et sociétale. C’est le fondement de Moom, trouver d’autres business modèles afin d’accompagner les marques dans le changement de leur mode de production, de commercialisation et les consommateurs vers une consommation plus responsable. Moom est une plateforme de seconde vie dédiée à l’économie circulaire, sa singularité : rassembler les marques, les consommateurs et tous les partenaires (acteurs de la réparation, du recyclage, du réemploi) qui aident à prolonger la vie d’un produit ou lui donner la meilleure fin de vie possible.

Comment fonctionne l'interface de l'application ?

L’application permet aux particuliers de donner à des associations, à d’autres particuliers ou à des entreprises et également de vendre, de faire réparer ou de recycler. Plus tard, nous aimerions également développer la possibilité de louer ou de prêter un produit.

Les marques, elles, s’inscrivent en tant que partenaires, pour récupérer leurs produits afin de les réparer et les revendre en seconde main. Elles peuvent donc alimenter le marché de la seconde main, trouver de nouvelles sources de matières premières et proposer de nouveaux services qui viendront nourrir leur business-modèle.

« C’est le fondement de MooM, trouver d’autres business modèles afin d’accompagner les marques dans le changement de leur mode de production et de commercialisation »

Quelles sont les actions éco-responsables que vous avez mises en place ?

Je n’ai jamais été une acheteuse compulsive, mais depuis ma prise de conscience j’ai une consommation encore plus raisonnée, j’ai tendance à conserver ce que je possède, à l’entretenir et je suis plus sensible à la notion de qualité. Je fais du tri, je désencombre et je donne. Avec mes enfants c’est plus compliqué mais j’essaye de leur inculquer le fait de réfléchir avant d’acheter. Je pense qu’il faut vraiment être dans le côté pédagogie positive. J’essaie aussi d’être dans l’action notamment avec mes enfants en allant ramasser des déchets ou en participant à des événements associatifs.

Ce qu’il faudrait changer d’après vous ?

L’industrie du textile a doublé alors que la qualité a diminué, les vêtements sont tellement de mauvaise qualité qu’on ne peut même plus les recycler. Les déchets textiles ont augmenté de manière considérable sachant que nous portons 30% de notre dressing, que nous achetons beaucoup plus de vêtements qu’avant et que nous les gardons deux fois moins longtemps. Et je trouve qu’il y a un manque de communication auprès de la population sur la manière dont les produits sont fabriqués, sur les matières utilisées, il faudrait la simplifier et la rendre plus transparente. Pour espérer un changement il faut aider le consommateur en lui simplifiant les démarches et l’accès à l’information.