Le monde de la banque change. De nouveaux acteurs comme Green-Got font leur entrée sur ce secteur particulièrement pointé du doigt pour son rôle dans les émissions de gaz à effets de serre, en raison du financement toujours très important des énergies fossiles. Et si le premier geste écolo à faire était de changer de banque ? Rencontre avec Andrea, l’un des fondateurs de la startup qui ambitionne de révolutionner notre épargne et notre compte courant, avec conscience, résilience et beaucoup de fraicheur.
Je suis CEO et co-fondateur de Green-Got. C’est un projet que j’ai créé avec trois autres associés, Maud, Fabien et Vincent en février 2020. Aujourd’hui nous sommes quinze et l’objectif est de permettre au plus grand nombre de financer la transition écologique avec son argent de manière très simple et compréhensible. J’ai fait des études de commerce assez classiques mais j’ai toujours voulu œuvrer en faveur de la protection de l’environnement. C’est certainement ma passion pour la nature qui m’a poussé vers l’écologie. Je n’ai pas vraiment eu de “déclic”, cela s’est fait progressivement. J’ai été sensibilisé par les reportages de David Attenborough. Alors que je travaillais à New York en tant que business analyst au sein d’un grand groupe de spiritueux dont les activités avaient un fort impact écologique, j’ai commencé à ressentir un décalage important entre mon mode de vie et mon travail. En effet, j’avais déjà enclenché des changements dans ma vie personnelle pour être plus responsable. Bien que j’adorais ma vie là-bas, j’avais le sentiment que je ne pourrais être fier de moi si je restais comme à regarder la terre brûler sans essayer d’y changer quoi que ce soit. .
J’ai donc décidé de rentrer en France fin 2019 ; j’ai repris contact avec mes amis d’école (Maud Caillaux, Fabien Huet et Vincent Evesque, NDLR). Dans le même temps, il y avait des rapports Oxfam, Rainforest Action qui commençaient à sortir et à pointer l’impact néfaste des banques sur l’environnement. Nous avons commencé à regarder ce qui se faisait dans ce domaine et nous avons constaté qu’une offre existait pour les personnes déjà très engagées dans leur transition écologique. En revanche, ces services n’étaient pas forcément adaptés aux plus jeunes, je pense notamment à la partie mobile ou encore au compte courant. Nous en sommes venus à la conclusion qu’il n’y avait rien en France sur le marché qui permette à chacun de fonctionner comme avec une banque classique mais en véhiculant d’autres valeurs.
Beaucoup pensent que les banques sont dites polluantes à cause de leurs serveurs mais en réalité, c’est surtout que les grandes banques investissent dans les énergies fossiles et dans l’économie polluante car elles ont un grand principe : financer l’économie telle qu’elle est. Elles financent donc ce qui rapporte et aujourd’hui ce sont encore majoritairement celles du pétrole et du charbon. Les quatre grandes banques françaises majeures ont investi en 2020 80 milliards de dollars sur ces énergies-là. A la suite de la COP 21, elles ont pris des engagements pour changer cela mais à échéance 2040, c’est bien trop loin. Ces grandes banques se sont créées en même temps que la révolution industrielle et ont donc prospéré sur ces économies fossiles. Aujourd’hui, elles ne peuvent pas faire marche arrière sous peine de faire faillite.
C’est donc un système entier qu’il faut changer. Le rapport Oxfam montre que les quatre plus grandes banques françaises ont financé des projets qui ont émis plus de huit fois l’empreinte carbone de la France. En résumé, ce ne sont pas les banques qui émettent du CO² mais les projets qu’elles financent qui en émettent et ce, dans le monde entier.
La finance est probablement le seul moyen d’avoir un impact suffisamment fort pour agir sur le climat.
L’avenir climatique de la planète se jouera en dehors de nos frontières et la finance nous permet d’agir là où c’est le plus nécessaire, même loin de chez soi.
Green-Got va proposer un compte de paiement, dont l’objectif est de payer et d’être payé avec l’empreinte la plus faible possible et d’épargner en finançant la transition. Sur la partie compte courant, une partie des commissions sur les cartes bancaires sera reversée à des associations protectrices de l’environnement, notamment en faveur de la protection de la forêt amazonienne. Un calculateur des émissions de CO² sera également intégré au compte des clients, ce qui permettra de savoir ce que nos propres achats génèrent en carbone. Enfin, une partie des cotisations bancaires servira à financer des énergies renouvelables en Inde et en Turquie.
Pourquoi dans ces pays-là ? Car là-bas, il n’y a pas de débat sur les énergies renouvelables, il s’agit soit du charbon soit des EnR (énergies renouvelables, NDLR) donc entre les deux le renouvelable est nécessairement gagnant.
Concernant les comptes épargnes, nous allons proposer de l’assurance vie sur des fonds que nous sommes en train de sélectionner. L’idée est de financer des entreprises dont le business modèle est la transition écologique, c’est-à-dire des sociétés qui travaillent sur la réduction du CO², les économies circulaires ou des énergies en eau.
« La finance est probablement le seul moyen d’avoir un impact suffisamment fort pour agir sur le climat »
C’est un gros travail. Nous devons creuser leurs rapports RSE mais nous n’irons jamais vers des producteurs de CO² par essence tels que l’aérien, ou des extracteurs d’énergie fossile même s’ils travaillent sur la réduction de leur impact. En choisissant uniquement des entreprises dont le cœur du business sert la transition, nous nous préservons du greenwashing.
Je le crois ! Nous lançons notre produit en septembre et nous avons déjà plus de 17 000 pré-inscriptions. Nous faisons beaucoup de pédagogie afin de bousculer les codes. Nous nous inspirons des banques américaines et allemandes Aspiration et Tomorrow qui ont déjà bien œuvré en ce sens. Les clients sont tout à fait ouverts au changement, si tant est que les choses soient simples et fun.
Je mange très peu de viande et je prends l’avion le moins possible. J’aime aussi beaucoup les marques qui sont transparentes sur le fait qu’elles ne sont pas parfaites comme Veja et Loom, et qui exposent clairement le fait que le mieux reste de ne pas consommer ce dont nous n’avons a pas vraiment besoin.
Concernant le voyage, j’aime bien GreenGo qui est une alternative responsable aux Airbnb ou autres plateforme de réservation d’hôtels.
Côté cosmétique, il y a beaucoup de marques très sympas qui existent à présent, je pense en particulier à Lamazuna.
Je soutiens particulièrement le projet Time for the planet, un fonds d’investissement citoyen qui œuvre pour le climat. Leur objectif est de lever 1 milliard d’euros et de soutenir des innovations de rupture. Par la suite, l’objectif est de faire en sorte que ces innovations puissent être répliquées partout dans le monde et rapidement
L’écologie n’est pas nécessairement contraignante, elle va restreindre des libertés de consommation certes mais par exemple rouler en SUV en ville, est-ce vraiment être libre ?
Le cadre qu’est l’écologie peut même nous amener vers plus de créativité. Certes, la croissance matérielle doit être repensée voire diminuée, mais elle peut aussi se faire sur de l’immatériel. On peut imaginer que demain, l’économie de la France soit davantage axée sur le sport, ou sur la culture.
Une autre idée reçue, sans doute très française, est que le marketing est synonyme de greenwashing. Je ne suis pas d’accord avec cela ! Ce n’est pas parce qu’un produit ou un service est rendu désirable qu’il est moins durable pour autant.
Le voyage reste compliqué à modifier, surtout avec les prix qui baissent, c’est tentant. Il faut probablement modifier notre rapport au voyage, et le remettre dans une perspective long-terme. Il faudra aussi que le temps de trajet refasse à nouveau partie du voyage.
Mais je pense qu’il faut oublier le fait de prendre l’avion pour aller bronzer un week-end sur la plage.
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